Automobile et environnement : questions d'actualité

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Pourquoi les voitures consomment-elles toujours plus qu'annoncé ?

Sans être expert, quiconque a déjà acheté une voiture neuve aura peut-être remarqué qu'une fois sortie de la concession, cette nouvelle voiture consomme plus qu'annoncé. Explications sur ce décalage entre étiquette de vente et réalité.

Lors de la vente d'une voiture neuve en concession, le modèle présenté est accompagné d'une étiquette obligatoire, sur laquelle est décrite la consommation du véhicule. Selon la valeur indiquée, le véhicule est classé dans des catégories allant de A à G, A correspondant à une sobriété notable, quand G vous promet un budget carburant peu enviable...

Cet indicateur a pour but de vous donner une idée de la quantité de carburant que vous brûlerez lors de l'utilisation de la voiture, et détermine également votre niveau de bonus/malus écologique.

Jusqu'ici, tout va bien. Et pourtant, après quelques kilomètres, on se rend compte qu'on consomme un peu voire nettement plus qu'annoncé ! Avant de crier au scandale, quelques explications s'imposent...

Le mode de calcul de la consommation

C'est sans doute le nerf de la guerre, et le principal responsable du décalage observé : le mode de calcul de cette consommation n'est pas nécessairement représentatif de la réalité.

Jusqu'à récemment, c'était le cycle NEDC qui était en vigueur pour l'homologation des véhicules (pour plus de détails sur les cycles d'homologation, c'est par ici). Ce cycle, assez simple et relativement lent, n'exigeait pas de fortes accélérations de la part du véhicule.

Par ailleurs, ce test était effectué dans des conditions bien spécifiques : à 20°C, et à une pression atmosphérique correspondant à une basse altitude. Comprendre : dans des conditions idéales pour le fonctionnement du moteur.

Enfin, sur les dernières années du cycle NEDC, les progrès de l'électronique permettaient d'adapter la performance et la consommation du véhicule sur le cycle. Autrement dit, dans les conditions d'homologation, le comportement du moteur était optimisé pour réduire la performance au profit de la consommation, et donc des émissions de CO2.

- La consommation du véhicule était calculée sur un cycle trop simpliste, dans des conditions de fonctionnement idéales -

Si l'on résume : jusqu'à ces dernières années, la consommation du véhicule (et donc ses émissions de CO2) était calculée sur un cycle trop simpliste, dans des conditions de fonctionnement idéales, avec une utilisation artificiellement optimisée du carburant. En d'autres termes : des conditions quasi optimales.

Cela explique pourquoi les valeurs affichées pouvaient parfois atteindre des niveaux anormalement bas !

La transition vers le WLTC

Depuis Septembre 2017, le cycle NEDC a été remplacé par le cycle WLTC lors de l'homologation. On pourrait alors se demander si les points évoqués ci-dessus n'appartiennent pas au passé. En réalité... pas encore ! Mais c'est en cours.

Le cycle WLTC, plus sévère que le NEDC, fournit des consommations plus réalistes et plus proches d'un fonctionnement réel. Ce qui veut généralement dire : consommation plus élevée. On aurait pu imaginer une transition de la valeur affichée vers la mesure sur ce nouveau cycle. Mais cela pose quelques difficultés :

  • Pour les constructeurs, une consommation nettement moins avantageuse sera retenue. Outre la pénalité que cela implique d'un point de vue marketing, c'est surtout par rapport à la future norme CAFE que cela pose problème (plus d'informations sur la norme CAFE ici). Pour à peu près tous les constructeurs, le passage au WLTC sera synonyme de millions, voire de milliards d'euros d'amende à acquitter dès 2021.
  • Pour les utilisateurs, cela induira aussi des pénalités non négligeables : les autorités n'ont pas pour ambition de réduire le malus, qui augmenterait soudainement pour les acheteurs. Pour une même voiture, un acheteur devrait donc soudainement payer plusieurs milliers d'euros en plus lors de la création de sa carte grise !

- Une transition progressive entre les deux cycles -

En somme, cela coûterait de l'argent à tout le monde. La solution ? Une transition progressive entre les deux cycles !

Afin de lisser cette augmentation et de laisser à tous le temps de s'adapter au changement, une période de transition de quelques années est mise en place depuis 2018. Sans rentrer dans les détails techniques, les consommations affichées sont évaluées selon une méthode évolutive, qui se rapproche chaque année un peu plus du WLTC.

On devrait donc d'ici 2021 aboutir à un affichage mesuré sur WLTC, avec l'espoir que l'électrification progressive des moteurs permettra de réduire suffisamment la consommation sur cycle pour que cela ne pénalise ni le constructeur, ni l'acheteur.

Le cycle, mais pas seulement

Même lors du passage au WLTC, il faudra toujours s'attendre à des différences entre la consommation annoncée et la consommation réelle lors de l'utilisation, mais ce sera moins flagrant. D'autres facteurs peuvent effectivement affecter la consommation du véhicule en utilisation réelle :

  • La température, notamment par grand froid : les faibles températures réduisent les performances du carburant et du lubrifiant. Le temps que le moteur chauffe, la consommation sera donc inévitablement majorée.
  • L'altitude : plus on monte, moins l'air est dense, et cela affecte les réglages du moteur. Pour compenser le manque d'air entrant dans le moteur, il est possible que le moteur soit forcé d'augmenter la consommation pour maintenir la performance.
  • Les autres conditions climatiques : vent, pluie, etc... Tout ce qui peut créer de la résistance à la voiture quand elle roule va directement affecter la consommation. Il n'est pas difficile d'imaginer qu'on aura besoin de consommer plus si l'on roule face à un vent fort !
  • Le nombre de passagers, et le remplisage de la voiture : la consommation est directement liée à la masse à transporter. Plus la voiture est remplie, plus la consommation sera élevée !
  • Le modèle et la pression des pneus : puisqu'ils font la jonction entre la voiture et la route, ils occupent une place prépondérante pour la consommation. Des modèles plus performants, et une pression des pneus vérifiée réduira vos émissions de CO2 !

Cette liste n'est pas exhaustive, mais prouve que la consommation affichée chez le vendeur est avant tout donnée à titre indicatif : elle représente un niveau de performance énergétique théorique, qui permettra avant tout de comparer les véhicules entre eux.

- C'est avant tout la façon dont on l'utilise qui déterminera la consommation de la voiture -

La diversité des utilisations et des conditions de conduite rendent impossible une annonce parfaitement fiable. Si les normes évoluent pour donner une information aussi réaliste que possible aux consommateurs, en utilisation réelle, c'est avant tout la façon dont on l'utilise qui déterminera la consommation de la voiture.

Besoin de quelques conseils pour réduire votre consommation au quotidien ? Allez jeter un coup d'oeil à nos bonnes pratiques de conduite !

Paul Guillard | Publié le 6 Nov 2020

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